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Chronique: Le football français en pleine perdition

Chronique: Le football français en pleine perdition

Les années passent et les clubs français hormis le Paris Saint-Germain qui a un objectif bien précis ont beaucoup de difficultés dans les compétitions européennes. La qualité de jeu proposée en championnat est loin de nous faire vibrer contrairement à un match de Liga BBVA, de Bundesliga ou autre championnat majeur. Avec une sixième place dans le coefficient UEFA, talonné de très près par la Russie (0,167 point d’écart), le football français est plus que jamais contesté. Pourquoi notre football va mal ? Analyse.

 

Soyons clair, le football français actuellement est en retard sur nos voisins espagnols et allemands par exemple. Et cela s’explique par plusieurs points. D’abord, observons la qualité de jeu que l’on voit en Ligue 1 (si on peut parler de qualité d’ailleurs…). Pourquoi les fans de football, devant sa télévision ou au stade, en tribune latéral ou en virage s’ennuient et sont proches de s’endormir ? Hormis le PSG qui est hors-catégorie dans ce championnat, peu d’équipes ont une mentalité offensive aujourd’hui, comme Nice qui fait beaucoup de bien. Cela s’explique par la mentalité de jeu, appliquée sur le terrain par les coachs français. A l’étranger, on joue pour gagner tout simplement par le biais d’un jeu offensif, avec des prises de risques. C’est le cas en Espagne, Pays-Bas, où on voit par ailleurs beaucoup de coachs de ces nationalités-là réussir dans le monde du football. Mais en France, un match nul satisfait des entraîneurs puisqu’il y a l’obsession de ne pas perdre. Avec cette « pensée unique » des coachs français, nous ne sommes plus étonné lorsque certains coachs disent toujours : « on était bien en place », cela résume la destruction du jeu, et du manque de prise d’initiative en Ligue 1. Notre football est défensif, on a l’impression que le plus important sont les notions « duels » ou « l’impact » et on nous sort l’excuse que le plus important c’est le résultat. Pourtant, sans la volonté marquer des buts et de produire un minimum de jeu, ça me paraît compliquer de faire un résultat.

 

 

Pour qu’il y ait de la folie dans ce championnat (en plus de Lyon avec le talent de Fekir qui en a illuminé plus d’un l’année dernière), il aura fallu qu’un coach étranger, l’excellent Marcelo Bielsa avec une vision du football très offensive, intense puisse pimenter un championnat qui manque de saveur. Mais comme ça joue trop au football et qu’il n’appartient pas à la corporation, les critiques de la part de coachs comme Dupraz ou de journalistes pleuvaient systématiquement, ça en dit long de la mentalité globale du football français. On peut aussi évoquer les pelouses des différents stades français mal entretenues et qui ne permettent pas à des joueurs déjà assez limité techniquement pour certains d’entre eux, de jouer dans les meilleurs conditions. Donc cela amène forcément à un championnat trop faible, où le PSG peut jouer en marchant et sera toujours champion puisqu’il n’y a aucune concurrence actuellement. Les résultats européens prouvent définitivement une faiblesse globale du football français aujourd’hui.

 

Afin d’étudier plus concrètement la décadence de notre football, il faut jeter un coup d’œil sur la formation pratiquée en France. En Espagne et en Allemagne, on forme très bien, le joueur sort du centre avec une maîtrise technique acquise, accompagnée d’une intelligence de jeu, savoir comprendre les tactiques etc. D’ailleurs, les deux derniers champions du monde (2010 et 2014) sont l’Espagne et l’Allemagne, quel hasard. Mais alors en France, c’est une autre mentalité. Dans l’excellent livre "Pourquoi le foot français va dans le mur", écrit par Faouzi Djedou-Benabid et Yacine Hamened, on peut relever cette constatation très édifiante qui résume exactement ce qu’est le centre de formation en France aujourd’hui : «En France, on fabrique 9 joueurs sur 10 avec zéro point faible… mais sans aucun point fort ! Le joueur formé en France est un produit standardisé. Le centre de formation a un but, vous apprendre un métier : footballeur professionnel. »

 

 

Ainsi, on peut considérer la France comme une usine à joueur. On ne pense pas forcément au long terme, on pense surtout à l’immédiateté des résultats, et un joueur très costaud est pratique pour obtenir rapidement les résultats. Le manque de travail avec un ballon ne nous fait pas louper certains défauts, avec beaucoup de déchets techniques qui a de quoi en faire crier plus d’un, et dont cela fait bloquer un certains nombres de joueurs à un certain niveau et leur progression devient compliquée. C’est ce qu’on voit en Ligue 1, et avec autant de déchets techniques en plus de cette mentalité de la peur de perdre qui règne, c’est très compliqué d’avancer vers la cage adverse et donc de marquer. Ne nous étonnons pas du manque de spectacle dans nos stades en France et également des énormes lacunes de joueurs formés dans les centres de formations français qui peinent à réussir dès que le niveau s’élève. Même en étant motivé à 1000%, si le niveau technique n’y est pas, impossible de perforer le milieu ou la défense adverse et de se créer des opportunités pour mettre en danger l’adversaire. L’intelligence de jeu semble ne pas être maîtrisée également où on peut constater en Ligue 1 ou lors de match au niveau européen de nos clubs français, que les joueurs prennent souvent les mauvaises décisions. Par exemple, tenter un tir en dehors de la surface alors qu’il y a un coéquipier libre en train de dédoubler et qui peut effectuer un centre avec plusieurs partenaires libres. Cet exemple peut être présenté comme un détail, mais ce genre de situation est trop fréquent dans les matchs des clubs français, et cela gâche beaucoup d’actions.

 

Les clubs français ont également des problèmes dans le domaine de la gestion et du recrutement. Pas besoin de parler de l’incompétence de certains présidents qui vont diriger un club, en ne connaissant rien au football. On est dans le même cas qu’un individu qui lance un restaurant sans connaître le milieu de la restauration. Conséquence, cette pauvre personne va droit dans le mur et doit fermer boutique, et dans le football, c’est pareil, et il n’y a qu’à voir aujourd’hui ce que ça donne. Concernant le recrutement, contrairement aux clubs espagnols comme Séville ou Villareal qui ont des recruteurs qui vont supervisés un peu partout, avec des critères bien précis, en France, on privilégie le catalogue proposé par l’agent qui est là avant tout pour son propre intérêt. Ainsi, certains clubs privilégient cette option et recrutent n’importent quoi. Le seul club qui fait un travail sérieux dans le recrutement est bien l’Olympique Lyonnais qui supervise dans toute sa région pour intégrer des jeunes joueurs dans leur centre de formation, avec une politique sportive bien précise et cohérente (jouer offensif).

 

 

En conséquence, avec ces facteurs, le football en France est bel et bien en pleine décadence, et son niveau en Europe est insuffisant. C’est avec dégoût qu’on peut parler de la piteuse dernière place de l’Olympique Lyonnais dans la poule la plus faible de cette édition de Ligue des Champions (La Gantoise avec le Zénith qui est loin d’être un cador et un Valence irrégulier très loin de son niveau de l’an dernier), victime d’une mauvaise gestion de son président Aulas lors du mercato estival en n’ayant pas recruté sérieusement pour faire quelque chose en Ligue des Champions. Ensuite, les Girondins sont éliminés d’une poule d’Europa League abordable et incapable de s’imposer aller/retour contre le FC Sion (6ème du championnat suisse) notamment. Monaco est très mal en point et n’aura pas son destin entre ses mains pour passer. Marseille devra assurer à Liberec en ne devant pas perdre pour se qualifier en 1/16ème de finale en compagnie de Saint-Etienne. Bref, on a connu pire. En tout cas, arrêtons de pleurer sur le budget et faisons profil bas, car c’est bien beau de dire qu’en Ligue 1 tout va bien, mais quand Lyon et Monaco ont pris 1 point sur 6 aller/retour contre respectivement La Gantoise et Anderlecht, 2 clubs de la Jupiler League (9ème dans le coefficient UEFA) qui ont des budgets bien plus modeste, il y a réellement un énorme problème.

 

Depuis des années, hormis le PSG et quelques beaux coups comme Monaco qui a fait un ¼ en Ligue des Champions, l’Olympique Lyonnais qui ne passe pas loin contre la Juventus en ¼ d’Europa League ou Bordeaux avec un beau 1/8ème en Europa League contre le futur finaliste de l’édition concernée Benfica, l’ensemble des résultats reste inquiétant. Il faut une grosse remise en cause, peut-être revoir à zéro la formation française, changer les mentalités au sein de notre football et ça commence justement dans les centres de formations, dans la formation des entraîneurs, et la FFF est loin d’entamer un grand ménage.

 

Raphael Benbouhou

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