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EDF: Deschamps connaît le chemin

EDF: Deschamps connaît le chemin

Vainqueur de l’Allemagne (0-2), l’équipe de France disputera la finale de son Euro. Ce soir à Saint-Denis (21h), la sélection de Didier Deschamps croisera le fer avec le Portugal. Souvent présenté comme « né sous la bonne étoile », le Basque a l’occasion d’enlever le trophée qu’il a brandi il y a 16 ans. Tout prête à penser que l’astre qui le suit depuis ses classes bayonnaises brillera à nouveau. Pourquoi ?

 

Parce qu’il guide vers la victoire

 

Avant d’enfiler le costume, Deschamps a chaussé les crampons. Très vite, très jeune, le milieu défensif s’impose. A Marseille, il devient rapidement le capitaine de la formation qui domine le football français depuis 1989. D’abord prêté aux Girondins de Bordeaux, il ne participe pas à la première finale de coupe d’Europe perdue par les Olympiens en 1991. Brassard autour du bras à tout juste 24 bougies, il est l’une des clés du système de Raymond Goethals en 1993. Le 26 mai, son sourire efface les larmes de Basile Boli. Sacrés champions d’Europe à Munich face au Milan A.C (1-0), les Marseillais entrent au panthéon du football français. Vingt ans plus tard, « DD », qui est aussi le plus jeune capitaine à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles, déclare : « Ç'a été le moment le plus fort. On sera les premiers à tout jamais. On a écrit une page importante de l'histoire des clubs français et de l'Olympique de Marseille en particulier ». Transféré à la Juventus un an plus tard, il voit son équipe arriver en finale de cette même compétition trois fois d’affilée. Autant de fois titulaire, il est couronné en 1996 avant de s’incliner par deux fois. Malgré tout, le numéro 7 est reconnu comme l’un des meilleurs au monde à son poste.

 

Aimé Jacquet et Roger Lemerre ne s’y trompent pas. En 1996, Didier Deschamps est promu capitaine de l’équipe de France par le premier. Le second, qui prend les commandes de la sélection en 1998, le maintient en toute logique. Chacun des deux tacticiens peut compter sur un homme aussi précieux sur et en dehors du terrain. Entre véritable battant et esprit pédagogue, le Pyrénéen devient très vite un rouage essentiel du collectif français. A 29 ans, il est sacré champion du monde avant de réaliser le doublé deux ans plus tard à l’Euro. Autant de fois durant lesquelles le Bayonnais brandit le trophée, avec une mine qui ne va pas sans rappeler celle du jeune milieu champion d’Europe avec l’OM. Capitaine au leadership incontesté, « La Desch » ferme sa page internationale de la plus belle des manières. Après avoir cousu la seule étoile dorée du football français en 1993, il guide son pays sur le toit du monde. Ces mots qu’il prononce en 2000 traversent autant qu’ils ponctuent une salle des trophées comble : « Je ne m'amuse pas par le jeu, je ne m'amuse que par la victoire ».

 

 

Parce que c’est un compétiteur hors normes

 

Un leadership incontesté mêlé à un esprit de gagneur. Le mélange glorieux qui a forcé le respect de la planète football. Cet état d’esprit, « DD » se l’est forgé très tôt. gé de 22 ans seulement, il ne fait pas encore l’unanimité et son mental est mis à rude épreuve. Mi-1991, l’OM vient de perdre sa première finale de Ligue des Champions face à l’Etoile Rouge de Belgrade. Quelques semaines plus tard, mercato oblige, Deschamps revient d’un an de prêt aux Girondins. Le président olympien, Bernard Tapie, lance au Bayonnais : « Chez moi, tu ne réussiras pas, il vaut mieux que tu partes ». Suffisant pour réveiller chez Deschamps une psychologie de battant. Celle qui trouve sa source dans une persévérance quotidienne et acharnée. La gagne, juste la gagne. Rien d’autre. Il haït la défaite comme tout humain rejette la mort. Les brassards qu’il endosse sont incontestés, au même titre que tous les trophées qu’il rafle. Pas un simple comportement professionnel, mais plutôt un véritable trait de caractère.

 

Si avec l’âge ses jambes ne servent plus de relais pour transmettre cette hargne, son discours en devient l’intermédiaire évident. Patron du vestiaire, il réussit partout où il passe. Son allure de compétiteur et sa proximité avec les joueurs mènent notamment l’A.S Monaco en finale de la Ligue des Champions en 2004. Et cette « niaque » dont il semble être l’apôtre le plus fidèle reflète un penchant perfectionniste. Un soir de printemps 2010, l’OM se ballade face à Valenciennes. Un petit relâchement emmène la réduction du score nordiste, ce qui met « DD » hors de lui malgré la copie quasi-parfaite rendue par ses protégés (5-1). Le scénario se répète quand sa sélection encaisse un but contre la Biélorusse en éliminatoires du Mondial 2014 (3-1). Les exemples sont multiples mais la vitrine du Bayonnais suffit pour justifier une telle exigence. Une chose est sûre, « La Desch » a remonté la côte de popularité d’une équipe en perdition depuis 2008. La qualification pour le Mondial acquise au prix d’une énorme remontée face aux Ukrainiens (2-0, 3-0) a joué le rôle de déclic. Depuis, l’équipe de France allie caractère et solidarité, deux vertus ancrées à jamais dans l’esprit de son capitaine de toujours.

 

 

Parce que la montre est avec lui

 

A l’inverse de la France, le Portugal a dû passer par deux prolongations, dont une séance de pénaltys, pour arriver en finale de cet Euro. Critiqué pour son jeu peu emballant, Fernando Santos aurait-il comme objectif de pousser la France aux tirs aux buts pour lever le trophée ? Les plus sceptiques des supporters français peuvent se rappeler les scénarios heureux vécus depuis que « DD » côtoie le ballon rond. En tant qu’entraîneur, il a notamment vu André Ayew donner la victoire à l’OM contre l’Inter à la 93e minute (1/8e de Ligue des Champions, 1-0). Huit mois plus tard, le néo-sélectionneur affronte déjà un gros morceau. La France rend visite à l’Espagne en éliminatoires du Mondial 2014. Dans la lignée de son triplé historique, la Roja est donnée grande favorite. Contre toute attente et auteurs d’une deuxième mi-temps splendide, les Français égalisent au bout du temps additionnel et ramènent un point de Madrid (1-1). Des dénouements tardifs mais ô combien déterminants. Cette capacité à faire la différence dans les derniers instants se répète dans les moments importants.

 

A deux reprises, les Bleus ont été contraints de puiser dans leurs ultimes ressources durant l’Euro. Accrochés par la Roumanie, les tricolores croient démarrer la compétition sur un partage de points, jusqu’à ce que Payet frappe à la 89e minute. Cinq jours plus tard, le film se répète. Les Albanais tiennent le score de 0 à 0 quand Griezmann et Payet les assomment dans le temps additionnel (90e, 90e+6). Deschamps exulte, tout sourire, certainement conscient que le sort lui a à nouveau été favorable. Deux points qui deviennent six, et qui qualifient l’équipe de France pour les huitièmes de finale avant même de disputer le dernier match de poule. Si la réussite n’a pas été similaire contre la Suisse (0-0), les Bleus ont frappé coup sur coup dans le money-time. Des succès tout autant psychologiques pour Didier Deschamps qui a en main un groupe à son image : combattif jusqu’au bout.

 

 

Parce qu’il provoque la réussite

 

Qu’est-ce qui plane au-dessus de ce bon Deschamps ? Bonne étoile ou non, le Bayonnais a souvent eu de la réussite. Aussi récurrente qu’elle puisse paraître, elle a toujours eu le mérite d’être provoquée. Le chemin qui a mené les Bleus à Rio est l’exemple type d’une équipe de France épargnée d’immenses obstacles. En barragiste non tête de série fin 2013, elle pouvait affronter le Portugal ou la Croatie. C’est finalement l’Ukraine qui s’est présentée, avec un match retour à Saint-Denis. La remontée qui suit, elle, est due à un discours singulier du sélectionneur, dans le sillage d’une carrière qui ne trouvera pas d’égal. Une nouvelle fois dans la crainte de tomber dans un éventuel « groupe de la mort » au Brésil, la France hérite de la Suisse, du Honduras et de l’Equateur. Bis repetita deux ans plus tard, à quelques mois de son Euro. La Nati est à nouveau au menu pour les Bleus, accompagnée de l’Albanie et de la Roumanie. Mais le beau parcours de Didier Deschamps dans ces deux tournois souligne son succès à la tête des Bleus. En effet, la réussite est forcément présente quand un groupe comme celui-ci est tiré. Encore faut-il, une fois sur le terrain, assumer et exploiter ce coup du sort. Fin 2009, la chance semblait également être du côté des Bleus lorsqu’ils ont pris connaissance de la composition de leur poule. L’issue du Mondial disputé six mois plus tard suffit pour expliquer que cette réussite-là n’était finalement qu’illusoire.

 

Si sa bonne étoile frappe les esprits, c’est aussi parce qu’elle surgit dans des moments capitaux. Il ne faut pas remonter plus tôt qu’il y a trois jours pour le comprendre. Qui aurait imaginé que Schweinsteiger fasse une main grossière à quelques minutes de la pause ? Qui aurait pu penser que l’arbitre de surface se rende (enfin) utile en signalant le pénalty à Nicola Rizzoli ? Qui présageait une blessure de Boateng, l’un des meilleurs défenseurs du tournoi ? Tous ces éléments ont fait basculer le destin d’une demi-finale de championnat d’Europe. L’équipe de France était dans le dur face à une Mannschaft organisée comme pendant ses heures les plus glorieuses. Cette dernière attendait une infime ouverture qui n’est jamais arrivée. Tout au long du tournoi, Didier Deschamps a parfaitement géré les différents aléas qui se dressaient en face de lui. En lançant Samuel Umtiti pour pallier à la suspension de Rami, le sélectionneur a réussi un énième pari. De la chance, du talent, ou peut-être bien des deux. Michel Platini avait donné son avis, peu après le match nul arraché à Madrid : « Napoléon disait que pour gagner des batailles, il faut de bons soldats et de la chance. Didier en a toujours eu. Je me demande d'ailleurs si quand il est né, il n'est pas tombé dans un bénitier ».

 

 

Quatre ans après avoir été nommé sélectionneur, Didier Deschamps a mené la France en finale de l’Euro 2016. Après avoir redoré le blason dont il a porté le brassard pendant les années les plus glorieuses, le Bayonnais a façonné un groupe à son image. Une vaillance à toute épreuve, un courage exemplaire et une réussite exploitée à la perfection. Face au Portugal contre qui il a toujours gagné, « La Desch » a l’occasion de guider son pays vers un nouveau sacre. Avec sa bonne étoile, afin de ne pas manquer le septième ciel.

 

Quentin Marais

Photos: Gettyimages

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